« Documentaire sonore : Polyphonie chorégraphique : rendre visible l’invisible »

« Documentaire sonore : Polyphonie chorégraphique : rendre visible l’invisible »

Par Christiane Dampne

Polyphonie chorégraphique : rendre visible l’invisible est un documentaire sonore construit comme une traversée du spectacle Mailles de Dorothée Munyaneza avec plusieurs haltes qui donnent à entendre les perceptions de personnes aveugles et de malvoyantes qui ont participé au spectacle en audiodescription et aux médiations adaptées à Chaillot – Théâtre national de la Danse. Celles aussi de l’audiodescriptrice, Julie Compans, et ses questionnements. Cette composition polyphonique fait écho à la polyphonie de la pièce. La traversée est précédée d’un Prologue avec présentation des personnes et d’un Épilogue zoomant sur le travail de l’audiodescriptrice.

Questionnement
Comment percevoir sans les yeux ? Comment percevoir avec les mots d’une autre ?
L’enjeu du documentaire est de tenter d’élargir nos perceptions grâce à une plongée dans leurs subjectivités perceptives. Il offre l’expérience sensible d’une écoute permettant de se construire des images mentales.
Il révèle également la nature polyphonique de nos réceptions d’un spectacle de danse, que l’on soit voyant ou aveugle. Pour bien percevoir, on n’a pas forcément besoin de ses yeux.

Durée du voyage : 69 minutes

Générique
Avec Fatim Bali, Dominique Birraux, Julie Compans, Elisabeth Gérard, Elsa Gillet, Reynalde Nicolin, Marie-Pierre Warnault

Musique de la pièce Mailles : Alain Mahé, Ben Lamar Gay, Dorothée Munyaneza
Prise de son de la pièce : Mbai Mihindou
Audiodescription : Julie Compans et Joana Urquijo (pour la traduction)
Enregistrement de l’audiodescription : Accès Culture

Réalisation : Christiane Dampne

Site internet : http://www.docsonores.com/

« Mécaniques de la maquette ou l’art du voyage immobile (épisode 1) »

« Mécaniques de la maquette ou l’art du voyage immobile (épisode 1) »

Depuis 2013, l’association a en effet développé un partenariat avec le Fablab Ars Longa avec pour objectif d’élaborer et développer des maquettes tactiles pour les personnes aveugles et malvoyantes pour leur faire découvrir au fil du toucher et du récit des lieux culturels emblématiques.

« 10 ans, 10 maquettes, les noces d’étain entre Ars Longa et Accès Culture »
Le 4 avril 2022 paraissait sur le site d’Ars Longa le premier épisode de cette série, intitulé « Mécaniques de la maquette ou l’art du voyage immobile », visant à expliquer le processus de conception et de construction de maquettes tactiles.

C’est Rémi de Fournas, audiodescripteur et guide conférencier qui est à l’initiative de ce projet qui mêle récit et matière. Le travail de conception de la maquette commence par une visite des lieux, qui permet de mettre en place une première réflexion sur la description à établir, s’ensuit une première rédaction pour commencer le dialogue entre la narration et la matière. C’est là qu’intervient le designer et artisan Thibaut Louvet qui traduit ce récit et monte un prototype. Ensuite, un test de la maquette est réalisé avec des personnes aveugles et malvoyantes pour valider, vérifier que tout est compréhensible et que les ressentis sont en accord avec les intentions des créateurs.

Un voyage sur la route des épices !

Un voyage sur la route des épices !

Le 12 mars 2020, l’équipe d’Accès Culture et ses fidèles spectateurs ont pris le métro pour… l’Orient ! Ensemble, nous avons embarqué pour « la route des épices ».

Ce voyage multisensoriel à l’Institut du Monde Arabe a été conçu spécialement pour les personnes aveugles et malvoyantes. Ainsi, équipe, audiodescripteurs et spectateurs ont pris les routes commerçantes du VIIIème siècle, de Fès à Zeitoun, dérivant par Mascate et passant par le Caire, en suivant du bout des doigts le parcours sur une carte du monde en relief.

Là, nous avons découvert tous les secrets du raz-el-hanout, ce fameux mélange d’épices, essentiel à la préparation du couscous, signifiant littéralement la « tête de l’épicerie », soit « le meilleur de la boutique » ! Dans une ambiance chaleureuse, nous avons également exploré l’écriture arabe et appris à nous servir d’un astrolabe, une montre d’un autre siècle, permettant d’avoir l’heure grâce à l’observation des astres.

Ces moments d’échanges humains sont précieux. Ils nous permettent de nous rencontrer autrement, de partager d’autres intérêts que nos goûts communs pour le théâtre, la danse, le cirque ou l’opéra.

Toute l’équipe gardera de cette matinée un souvenir doux mais épicé !

Plaquette de l'alphabet arabe en braille

La première tournée d’une audiodescription de cirque en France !

La première tournée d’une audiodescription de cirque en France !

Cette année, nous soufflerons notre trentième bougie.
30 ans, donc, que nous œuvrons pour que l’art vivant soit accessible aux personnes aveugles, malvoyantes, sourdes et malentendantes. Théâtre, opéra, danse et désormais cirque.
Nous avons toujours fait en sorte de solliciter au maximum les personnes aveugles et malvoyantes, en les rencontrant, en écoutant leurs avis… Cette année, nous souhaitions aller plus loin : intégrer leur regard à notre processus de création.

Grâce au soutien du Groupe Malakoff Humanis Handicap, à travers sa Fondation d’entreprise, et à celui d’artistes engagés, ce projet a pris corps le 16 janvier 2020, à l’occasion de la représentation des hauts plateaux au Manège – Scène nationale-Reims. Cette date marque le début d’un projet fou et captivant pour l’année 2020-2021 : la première tournée d’une audiodescription de cirque.
Ainsi, au talent d’une audiodescriptrice Accès Culture, Antoinette de Saint Blanquat, s’ajoutera l’expertise de Delphine Harmel, relectrice professionnelle. Confronter les sensations de ces deux femmes, l’une voyante et l’autre pas, permettra de vous offrir une audiodescription enrichie par la complémentarité de deux professionnelles.

« Il y a dans ce spectacle des moments d’une beauté si pure qu’on se sent parfois pauvre avec les mots, mais j’espère que les personnes aveugles et malvoyantes garderont en tête certaines de ces images. J’ai l’habitude de travailler avec des relectures, elles apportent beaucoup et celle de Delphine a été très utile, notamment pour expliquer des choses compliquées parce que très techniques. Ce projet a été intense, j’ai dû adopter une nouvelle méthode d’audiodescription mise au point chez Accès Culture pour la danse et j’ai suivi le conseil de Julie Compans, qui est de mêler trois choses : le factuel, les éléments de sensation et la poésie. » nous a confié Antoinette de Saint Blanquat.

Ce projet innovant répond à l’un des objectifs majeurs d’Accès Culture : accompagner les théâtres dans leur politique d’accessibilité en permettant aux personnes aveugles et malvoyantes de s’imprégner pleinement de l’univers du spectacle vivant.

Mathurin Bolze, le créateur de ce spectacle, Les hauts plateaux, écrit à propos de celui-ci : « Ce ne sont pas des ruines que nous verrons sur notre plateau mais un chantier prometteur, celui des aventures humaines, celles qui traversent le temps, qui perdurent et mettent en œuvre les solidarités, les envolées poétiques et acrobatiques ».
Nous sommes fiers et heureux de participer à ce beau chantier.

© Christophe Raynaud de Lage

Le théâtre qui n’a pas froid aux yeux

Le théâtre qui n’a pas froid aux yeux

Des étudiants en journalisme sont venus me rencontrer, il y a quelques semaines, pour en savoir plus sur l’audiodescription. Ils ont eu l’opportunité de rencontrer les spectateurs et d’écouter l’audiodescription d’Un instant au Théâtre Gérard Philipe. Ils partagent avec nous leurs impressions. Merci à Hugo Hebbe, Matt Finance, Clément Serrière pour la rédaction de cet article.

“On est où là ?” s’interroge Monique, jeune septuagénaire. “On est au premier rang, en face de la scène” lui répond son accompagnatrice tout en la guidant par la main. Le handicap de Monique l’empêche de voir. Elle est pourtant venue assister à une représentation de “Un instant” au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis.

Autour d’elle, d’autres personnes malvoyantes s’installent sur les sièges en bois ornés de coussins rouges. La pièce est décrite par le metteur en scène Jean Bellorini, écharpe au cou et tenue décontractée. C’est lui qui éclairera à son public si particulier l’environnement qui les entoure. “Vous êtes dans un lieu marqué par le temps, les murs craquelés qui vous entourent et les décors de ce théâtre reflètent le sujet de ma pièce, les souvenirs”. Par ses mots, Monique visualise une salle de spectacle bâtie à partir d’un bois noir couleur charbon. La scène, quant à elle, est riche par son originalité avec plus d’une centaine de chaises empilées d’un bout à l’autre, ainsi que par ses détails. “Côté cour, il y a une sorte de cabane en hauteur dont les murs sont tapissés de liège pour insonoriser la pièce des bruits extérieurs. Cela représente le lieu de travail de Proust. Vous comprenez ce que je dis ?”. Côté cour, côté jardin, le vocabulaire théâtral virevolte dans les esprits des spectateurs attentifs. “On voit très bien” confie Michelle aux côtés de son Berger Suisse blanc, “on voit même plus que vous”.

Sourires aux lèvres, les visiteurs sont invités à monter sur scène et à explorer le décor par le toucher. […] Jean Bellorini va même encore plus loin en expliquant certains secrets de mises en scènes, les trucages ingénieux ou encore la représentation des décors et le contexte qu’il souhaite leur attribuer. […]

Silence dans le casque, silence dans la salle. La pièce va commencer. […] Entre les tirades des acteurs, le récit s’enrichit de commentaires constructifs. “L’homme s’écarte un peu, en invitant d’un geste de tête la grand-mère à s’exprimer au public”. Décrivant une gestuelle et des mouvements imperceptibles, la voix procure la vue au spectateur à travers toutes les scènes jouées. Réplique. Voix off. Réplique. La pièce se déroule dans une mécanique théâtrale des plus classiques. Des rires émanent du public : la recette du porc au caramel de la comédienne  fait mouche. L’imagination développe des sentiments bien plus forts quand la pièce est aveugle. Tout le pouvoir de l’ouïe entre en action. Le visuel n’a plus d’importance. “Les chaises empilées contre le mur du fond illustrent une vie, faite de récits, d’histoires, d’écrits”. Les explications lancées dans le casque éclairent sur le sens des choix scéniques. L’ouïe devient alors le sens le plus fort du corps humain, et cette voix off omniprésente aboutit à un rapport inédit avec.

Dernière réplique. Les spots s’éteignent les uns après les autres. Les acteurs, souriant, apparaissent ensemble, se tenant par la main. Ils saluent le public avant d’être rejoints par le metteur en scène. De très longs applaudissements se font entendre, tandis que la voix accompagnatrice signale que la pièce se termine. L’ovation dure. Les lumières baissent enfin. Les comédiens, émus par l’accueil enthousiaste des spectateurs, disparaissent définitivement dans le noir de la scène. C’est au tour de Monique, Robert ou encore Michelle et son fidèle canin de quitter la salle. Les commentaires fusent, les impressions se partagent, le bonheur d’avoir vu cette pièce se ressent. “C’est terrible ! La fin était vraiment prenante”. L’expérience vécue par ces personnes oubliées offre un regard neuf sur le théâtre.

Une typo braille visible à l’œil nu !

Une typo braille visible à l’œil nu !

Une typographie braille que les voyants peuvent lire ? C’est possible grâce au designer japonais Koshuke Takahashi qui a imaginé une police, accessible aux voyants comme aux non-voyants en positionnant du braille sur des lettres de l’alphabet latin et japonais. L’idée de ce projet est d’implanter cette typographie aux signalétiques des Jeux-Olympiques de Tokyo en 2020. Mais ce n’est pas nouveau. D’autres graphistes avant lui avaient tenté l’expérience : Christophe Heller avec Visual Braille en 2009, Larysa Kurak avec Braille Font en 2014 et Nuria Lopez avec Blind words en 2015.

En voyant ça, j’ai voulu en savoir un peu plus sur le braille. J’ai des brochures par centaine au bureau. Avec mes collègues, les chiffres en braille n’ont plus de secret pour nous mais j’avais des doutes sur son origine. J’avais bien entendu parler de Louis Braille. Mais l’histoire de ce dispositif est assez incroyable. Louis Braille n’avait que 16 ans, quand il a développé ce dispositif en s’inspirant de la sonographie de Charles Barbier de la Serre. La sonographie qui avait, tout de même, vu le jour pour coder et lire des instructions militaires, la nuit, sans allumer sa lampe. Charles Barbier de la Serre avait présenté son dispositif à l’institution royale des jeunes aveugles et Louis Braille y avait tout de suite vu un intérêt. Le braille était né en 1829.

La présentation de saison des audiodescriptions

La présentation de saison des audiodescriptions

Au total, une centaine de spectateurs sont venus nous retrouver à Chaillot – Théâtre national de la Danse dans la nouvelle salle Firmin Gémier pour se faire une idée des spectacles avec audiodescription d’Île-de-France de la saison prochaine. Treize intervenants, responsables des relations publiques et responsables de l’accessibilité des théâtres parisiens, ainsi que des comédiens et un dramaturge sont venus présenter leur programmation, et ils nous ont bien mis l’eau à la bouche !

Au programme, audiodescriptions de théâtre, d’opéra et même de danse seront au rendez-vous à partir de septembre 2018 ! On ne vous en dit pas plus, tout est dans la brochure
Vous avez-déjà sélectionné vos spectacles pour l’année prochaine ? Sinon, n’hésitez pas à nous demander une brochure en braille ou gros caractère. Nous vous l’enverrons gratuitement par mail ou par courrier. Sinon, elle est consultable sur notre site et lisible par synthèse vocale.

Les comédiens Sourds dans les films

Les comédiens Sourds dans les films

Si j’avais un peu de temps, je regarderai bien tous ces films…
Quel travail de fourmis de repérer dans toutes ces fictions, documentaires, long et courts-métrages, des personnages ou des comédiens sourds, dans des rôles importants ou pour de brèves apparitions !

Un travail de recherche mené par Ruth KITCHEN (Marie Curie Fellow, EHESS, Paris) et Barbara FOUGERE (Doctorante en cinema, Paris 1). A retrouver sur le site de Retour D’image

A noter que le catalogue de Retour d’image, qui présente les films audiodécrits et sous-titrés et disponible pour la plupart en France est présenté dans la même rubrique du site de l’association.

John Schuchman auteur de Hollywood Speaks : Deafness and the Film Entertainment Industry et  Guy Jouannet auteur de L’écran sourd ont déjà répertorié un nombre important de films mettant en scène des personnages sourd depuis les  débuts du cinéma jusqu’à la fin des années 1990. Afin de poursuivre ce travail de recherche les deux chercheuses ont étudié les listes établies par IMDB mais également les catalogues de festivals de culture Sourde tels que Clin d’oeil et la sélection « Monde des Sourds » du festival de Douarnenez,  ainsi que le catalogue constitué par l’équipe de Retour d’image et la base de données de l’Université de Gallaudet.

Les films sont listés par ordre alphabétique.
Lorsqu’elle n’est pas explicite, la place du personnage sourd est mentionnée à la suite du résumé. Certains films étant disponible en libre accès, un lien pour le visionner est parfois ajouté.

À la découverte du plateau du spectacle « Le Jeu de l’amour et du hasard »

À la découverte du plateau du spectacle « Le Jeu de l’amour et du hasard »

Jeudi 15 mars 2018, nous sommes partis à la découverte du plateau du spectacle Le Jeu de l’amour et du hasard avec Amélie Chapleau du Théâtre de la Porte Saint-Martin et Hervé Mayon, l’artisan d’art qui a réalisé toute la végétation du décor.
Lors de la visite tactile du Jeu de l’amour et du hasard, célèbre pièce de Marivaux, mise en scène par Catherine Hiegel, nous avons eu l’occasion de toucher des éléments de costumes conçus par Renato Blanchi. Des costumes en feutre, en dentelle ou encore en cuir représentent les vêtements des bourgeois du XVIIIème siècle.

Les personnes aveugles et malvoyantes présentes lors de la visite ont pu découvrir le décor de la pièce, un jardin classique avec des arbres artificiels plus que vrais que nature, imaginés et conçus par Hervé Mayon, des ateliers de La Licorne Verte. La conception de ces arbres a nécessité un mois et demi de travail. L’artisan a accepté de nous parler de son métier autour d’un thé que nous avons partagé ensemble. Autodidacte, il réalise des arbres semi-artificiels avec du bois récupéré. Il réalise ses œuvres pour le théâtre, mais aussi pour des salons, des entreprises et des évènements privés. Une visite inédite pour des spectateurs qui ont ensuite pu profiter de la pièce avec un programme détaillé.